Donald, mon directeur de thèse, un ami par Michel Barbe

J’ai eu la chance de vivre mes études graduées sous la direction de Donald.

Laissez-moi vous expliquer ce que j’ai découvert sur lui et ce qu’il m’a appris depuis la toute première heure de notre amitié.

Étudiant au baccalauréat à l’UQAM, Geneviève a été l’un de mes professeurs; ayant manifesté le désir de poursuivre mes études, elle m’a conseillé de me diriger vers l’université McGill. Cette recommandation était aussi celle d’un autre de mes professeurs soit André Hade. En suivant la démarche du processus d’admission je me suis retrouvé en entrevue avec d’autres professeurs de l’université McGill et dans le cours de ces conversations j’ai constaté que ses collègues du département avaient le plus grand respect pour lui. La réputation de Donald était bien établie et le précédait. Tous ces éléments m’ont mené à choisir le labo de Donald pour entreprendre mes études supérieures.

J’ai rapidement découvert ses compétences dans son domaine de recherche, son ouverture d’esprit, sa grande capacité d’écoute, sa disponibilité et son soutien. Donald prenait le temps nécessaire pour nous expliquer tous les volets de son programme de recherche et de nous situer dans le plan de match. Nous étions membre d’une équipe engagée dans un effort collectif ayant pour but de faire une contribution importante à la science dans le domaine de la thermodynamique des solutions. De plus, et ceci de façon quelque peu inattendu, ce que j’ai aussi découvert chez lui c’est son humanisme, sa manière de transformer son labo en milieu de vie où la collaboration, l’entraide et le positivisme étaient toujours au rendez-vous.

Être étudiant de Donald à cette époque, c’était aussi participer aux rencontres de la rue Argyle où avec Geneviève, il recevait ses étudiants, leurs conjoints, les amis  pour partager le savoureux curry dont il avait la recette secrète et discuter avec un verre de vin. Participer à ces soirées, c’était rencontrer des gens de tous les horizons, c’était bâtir des amitiés de toutes sortes et qui durent encore aujourd’hui.

Comme bien d’autres étudiants, une fois les études terminées, ma vie professionnelle a monopolisé beaucoup de mon temps mais force est de constater que Geneviève et Donald ont continué à faire partie de ma vie et de celle de mon épouse Kathleen. Aujourd’hui nous avons en mémoire de nombreuses rencontres inoubliables ; que ce soit la promenade en montagne, les rencontres sur la rue Argyle, la traditionnelle visite à Ottawa pour patiner sur le canal Rideau et rencontrer des anciens du labo, la fête de la retraite de Donald, une visite en été à leur maison de Saint-Amant Tallende, la rencontre à Lyon pour la retraite de Robert Philippe, …. Tous ces moments ont été des occasions de mieux les connaître, d’apprécier leur compagnie, d’observer leur complicité et de reconnaître leur engagement social.

Donald est parti mais son héritage scientifique demeure et sa manière d’envisager la vie  continuera  à m’influencer autant dans ma vie professionnelle que personnelle. Je me considère privilégié de l’avoir connu;   je lui suis reconnaissant de m’avoir accepté dans son labo et de m’avoir permis de connaitre autant l’homme de science que l’homme de cœur et de compassion qu’il était.

 

Donald, Un grand humaniste, Hadda Medanet, collaboratrice algérienne

J’ai connu Donald à Clermont- Ferrand en 1983 au cours d’un congrès international.

Je m’étais adressée à lui pour pouvoir travailler avec lui en recherche. Il avait accepté rapidement de m’envoyer un sujet de thèse de Doctorat d’état.

Le premier contact avait été très chaleureux et très intéressant. Il m’avait tout de suite donné son accord avec grand plaisir. Il était ravi de pouvoir travailler avec une chercheuse algérienne. En ce temps-là je vivais et travaillais en Algérie.

Au bout de deux années de travaux de recherche et d’obtention de nombreux résultats expérimentaux, Donald m’avait invitée à l’Université Mc Gill de Montréal pour qu’on puisse travailler ensemble et procéder aux interprétations possibles.

J’avais été enchantée par l’accueil que Geneviève et Donald m’avait réservé. Il était rempli de bienveillance, de générosité et d’humilité. Ils m’avaient hébergée chez eux avec beaucoup de gentillesse.

J’y avais vécu des moments inoubliables, des échanges très fructueux et ce dans tous les domaines ; aussi bien dans celui de la recherche, de la cuisine ou de la politique internationale.

La curiosité bienveillante de Donald m’avait permis de parler aussi de mon pays, de ses réussites et de ses difficultés.

Malgré sa renommée internationale, Donald était un grand humaniste. Il avait de la considération pour l’être humain et cherchait toujours à le comprendre et à le soutenir.

Il respectait beaucoup ses étudiants et aimait travailler avec eux. Il leur donnait toutes les connaissances nécessaires à leur réussite et à la fin il les formait à développer la recherche dans leurs pays respectifs.

Tous ses étudiants l’appréciaient énormément pour sa gentillesse, sa compétence et sa disponibilité. Il était toujours prêt à nous accorder le temps nécessaire pour trouver, ensemble, des explications ou des solutions à toutes nos questions relatives à nos travaux de recherche.

Il nous donnait  l’exemple de ce que doit être un directeur de recherche.

Il m’a permis aussi de connaître de magnifiques endroits en Auvergne car nous avons beaucoup marché ensemble à travers des chemins, à travers la forêt.

Suite aux différentes années de travail avec Donald, nous étions devenus , Geneviève et lui, des grands amis, des membres même d’une même famille. Geneviève et Donald me recevaient chaque année dans leur maison de vacances à Saint Amand Tallende.

J’ai continué à leur rendre visite jusqu’à l’été 2016 car j’étais très attachée à eux.

Aujourd’hui je perds , en Donald, un membre de ma famille que j’ai admiré, aimé et respecté.

Je n’oublierai jamais sa gentillesse, son respect pour l’autre, son humanisme.

Hadda

Donald PATTERSON un ami, un exemple…, Robert Philippe, ancien post-doc de Geneviève

C’est le 1er mai 1976 que j’ai rencontré Donald pour la première fois. Jeune docteur j’avais été invité par Geneviève pour faire un post-doc dans son laboratoire et tout de suite à ma sortie de l’avion je me suis retrouvé au 551 Argyle Avenue. Je connaissais Donald par ses articles et j’étais impressionné à l’idée de rencontrer ce professeur de thermodynamique de la prestigieuse Université McGill mais pratiquement en moins d’une minute il m’a mis à l’aise par le charme de son accent et de son sourire. En écrivant ces lignes les souvenirs affluent en masse et je ne vais retenir aujourd’hui que ceux  qui mettent en évidence le caractère exceptionnel de l’homme.

La collaboration scientifique entre Geneviève et lui était bien connue et assez  rapidement j’ai effectué des allers-retours entre le 1200 rue Saint Alexandre et le Pavillon Otto Maas en quête de compléments d’informations et d’expériences. C’est là que j’ai trouvé le scientifique rempli d’idées, le directeur de recherche qui accordait confiance et compréhension à ses élèves, ou le pédago qui avec beaucoup d’humour vous expliquait la variation d’entropie lors  de l’ajout d’eau dans une dose de pastis…

Dans la maison de Westmount j’ai trouvé l’ami qui avait toujours une écoute attentive et avec lequel  les discussions étaient instructives. Au milieu de Juliette, Béatrice et Elisabeth j’ai vu un père disponible dans toute l’acceptation du terme. Il a été un mari plein de prévenances …qui n’a jamais gouté un curry de Donald ?

J’arrête là les souvenirs, il suffit de fermer les yeux pour revoir le sourire de Donald et tout ce qui l’accompagnait.

Un directeur de thèse exceptionnel, Andrée Bichon, ancienne étudiante au Doctorat

 

Arrivée de France au Canada en 1970 et ayant décidé de reprendre mes études, j’applique au programme de doctorat à McGill et suis acceptée.  À la recherche d’un directeur de thèse, je rencontre plusieurs professeurs qui m’expliquent avec passion leur domaine de recherche et leurs attentes.  J’identifie Donald comme une possibilité.  Néanmoins, il y a toujours deux côtés à une histoire : j’ai entendu le prof mais qu’en pensent les étudiants ?  Je décide donc d’aller faire une petite visite dans les laboratoires.  Dans le laboratoire de Donald, je n’entends que de bons mots : respectueux de l’avis de ses étudiants, profondément humain, grande expertise dans son domaine, bonnes relations avec tous. Je vais dans un autre laboratoire et à ma question : qu’avez-vous à dire sur Donald Patterson comme directeur de thèse ?  la réponse est unanime : fantastique, go for him.  Et voilà comment je suis devenue l’étudiante de Donald.  Et je ne l’ai jamais regretté.  Une formation exceptionnelle dans un climat de confiance, d’humanité et d’intégrité intellectuelle remarquables.

Je me souviens des réunions que Donald organisait régulièrement chez lui pour nous, ses étudiants.  Il y ajoutait toujours un ou deux de ses collègues et avait souvent un invité spécial : un de ses anciens étudiants vivant aux quatre coins de la planète et qui se trouvait à Montréal pour quelques jours.  Il y servait un curry végétarien dont je me rappelle encore l’odeur – facile car c’était toujours la même recette !   Une ambiance chaleureuse et toujours enrichissante.

Et puis il y a Geneviève.  Bien qu’étant l’étudiante de Donald, j’ai passé ma première année dans son   laboratoire à l’UQAM.  À elle aussi je veux exprimer ma gratitude pour son soutien et la formation qu’elle m’a donnés.  Durant cette année, j’ai été le témoin de l’osmose intellectuelle qui existait entre Donald et elle, de leur passion partagée pour la recherche, de leur respect mutuel et de leur attachement personnel réciproque hors norme.  Et pourtant, dans le contexte de cette connivence et de cette complicité intellectuelles, de leur engagement social partagé, de leur amour qui rayonnait autour d’eux, comment ne pas s’étonner que Geneviève ait toujours dit « vous » à Donald, jamais « tu » … Surprenant, inhabituel mais vrai.  Un amour hors norme justifie-t-il qu’on ne suive pas les normes ?

Ce bon temps s’est prolongé par des rencontres régulières à Ottawa, à l’occasion des festivités du Bal des neiges en février.  Ces rencontres réunissaient trois anciens du laboratoire de Donald des années 1970 qui se trouvaient dans la région.  La dernière a eu lieu une semaine avant le décès de Donald.  Il semblait très heureux d’être à Ottawa et son grand sourire ne l’a pas quitté de toute sa visite.  Il avait ce regard vif, pénétrant d’intelligence, d’humanité et, il faut le dire, d’espièglerie que nous lui connaissions de toujours.  Un vrai bonheur que cette visite.

Donald est parti de ce monde mais il reste avec nous.

 

A resourceful hiker, Jim Fresco, chemistry colleague and hiking companion

Don and I joined The Department of Chemistry within one year of each other 50 years ago. Our friendship bloomed when Don invited me to join a hike of The Three Brothers in the Adirondacks on an autumn Saturday. Don and Genevieve took turns carrying Juliet. Experience made me wary about approaching nightfall in a forest. My concern was relieved by finding ourselves at the border of the parking area in total darkness. We had set out without flashlights.

Not many years later with a visiting Chemical Society speaker, Henry Shine, I dropped by an Adirondacks cabin occupied by the Pattersons for a weekend. On the way I stopped at Canadian Customs to retrieve 4 bottles of wine impounded several weeks before on a return to Canada from the US. Don, Henry and I set off to do The Three Brothers. Close to the first Brother we were drenched by a sudden unrelenting downpour. We backtracked to the cabin and decided to open the hiking lunches. Sudden brainstorm…4 bottles of wine! It was a merry lunch followed by everyone passing out and joining the 3 Patterson children in dream land.

After a passage of time Juliet now nine years give or take a year led us over The Three Brothers.

With remarkable agility she happily jumped from boulder to rock covered trail and back again. The hike was made memorable by a striking photograph of Juliet taken by a hiking companion, Gordon Eccles a technician in the Department.

Although for more than 40 years Don and I did many of the high peaks together, The Three Brothers was always his favourite.