Un directeur de thèse exceptionnel, Andrée Bichon, ancienne étudiante au Doctorat

 

Arrivée de France au Canada en 1970 et ayant décidé de reprendre mes études, j’applique au programme de doctorat à McGill et suis acceptée.  À la recherche d’un directeur de thèse, je rencontre plusieurs professeurs qui m’expliquent avec passion leur domaine de recherche et leurs attentes.  J’identifie Donald comme une possibilité.  Néanmoins, il y a toujours deux côtés à une histoire : j’ai entendu le prof mais qu’en pensent les étudiants ?  Je décide donc d’aller faire une petite visite dans les laboratoires.  Dans le laboratoire de Donald, je n’entends que de bons mots : respectueux de l’avis de ses étudiants, profondément humain, grande expertise dans son domaine, bonnes relations avec tous. Je vais dans un autre laboratoire et à ma question : qu’avez-vous à dire sur Donald Patterson comme directeur de thèse ?  la réponse est unanime : fantastique, go for him.  Et voilà comment je suis devenue l’étudiante de Donald.  Et je ne l’ai jamais regretté.  Une formation exceptionnelle dans un climat de confiance, d’humanité et d’intégrité intellectuelle remarquables.

Je me souviens des réunions que Donald organisait régulièrement chez lui pour nous, ses étudiants.  Il y ajoutait toujours un ou deux de ses collègues et avait souvent un invité spécial : un de ses anciens étudiants vivant aux quatre coins de la planète et qui se trouvait à Montréal pour quelques jours.  Il y servait un curry végétarien dont je me rappelle encore l’odeur – facile car c’était toujours la même recette !   Une ambiance chaleureuse et toujours enrichissante.

Et puis il y a Geneviève.  Bien qu’étant l’étudiante de Donald, j’ai passé ma première année dans son   laboratoire à l’UQAM.  À elle aussi je veux exprimer ma gratitude pour son soutien et la formation qu’elle m’a donnés.  Durant cette année, j’ai été le témoin de l’osmose intellectuelle qui existait entre Donald et elle, de leur passion partagée pour la recherche, de leur respect mutuel et de leur attachement personnel réciproque hors norme.  Et pourtant, dans le contexte de cette connivence et de cette complicité intellectuelles, de leur engagement social partagé, de leur amour qui rayonnait autour d’eux, comment ne pas s’étonner que Geneviève ait toujours dit « vous » à Donald, jamais « tu » … Surprenant, inhabituel mais vrai.  Un amour hors norme justifie-t-il qu’on ne suive pas les normes ?

Ce bon temps s’est prolongé par des rencontres régulières à Ottawa, à l’occasion des festivités du Bal des neiges en février.  Ces rencontres réunissaient trois anciens du laboratoire de Donald des années 1970 qui se trouvaient dans la région.  La dernière a eu lieu une semaine avant le décès de Donald.  Il semblait très heureux d’être à Ottawa et son grand sourire ne l’a pas quitté de toute sa visite.  Il avait ce regard vif, pénétrant d’intelligence, d’humanité et, il faut le dire, d’espièglerie que nous lui connaissions de toujours.  Un vrai bonheur que cette visite.

Donald est parti de ce monde mais il reste avec nous.