J’ai raconté à mes enfants combien Donald était fascinant pour moi. Il avait ses cotés bizarres bien sûr, bien différent de Papa ou de Jean Ba. Un grand monsieur roux souvent habillé un peu curieusement. Mais j’aimais bien cela moi cette originalité, ce détachement pour un certain aspect du quotidien.
Et puis j’adorais l’entendre parler avec son bel accent. Dès enfant, j’aimais les occasions où je me trouvais avec lui dans les promenades. Quand nous ne jouions pas entre nous ou qu’il n’y avait pas de cousin de mon âge, je recherchais sa compagnie et m’efforçais d’avoir un moment où je pourrais parler avec lui, où il me parlerait surtout.
Ce n’était pas facile çar d’autres que moi tenait aussi à échanger avec lui. Ce n’était pas étonnant. Il avait d’abord un respect pour l’enfant que j’étais comme peu d’adulte en ont. Il ne semblait jamais regarder de haut mais écouter au contraire avec intérêt et attention ce que je pouvais avoir à lui dire ou ce que je pouvais penser.
Avec lui, je me sentais grand et digne de respect. Bien sûr, il ne nous faisait jamais la morale! Aucun risque de ce coté là. On pouvait s’approcher avec confiance. Je sentais sa grande culture, son gout sincère pour les choses et les gens.
Il parlait si bien de choses totalement inconnues de notre entourage littéraire. Il prenait le temps de nous expliquer ce qu’il faisait. Et il le faisait si bien. Pas besoin d’être matheux ou scientifique pour se laisser conduire par lui dans des chemins nouveaux et passionnants. Je n’oublierai jamais non plus sa patience et son énergie obstinée à faire grandir Bibou.
Ma mémoire est pleine de toutes ces images, de sa voix, de son regard vif. Son sourire m’accompagnera. Ce sourire qui ne l’a jamais quitté.
J’imagine le grand vide que son départ va vous causer et votre tristesse. Mais je sais qu’il vous laisse en même temps un trésor au fond de vos coeurs qui va vivre chaudement et continuer à vous faire cheminer avec lui.
Il n’empêche. L’absence, la fin des échanges avec celui qu’on aime cause un grand vide et beaucoup de souffrance. C’est cette peine qu’on veut aider ceux qu’on aime à surmonter.
Je n’ai pas grand chose. Que quelques mots. Alors je veux vous redire toute mon affection. Celle de tous vos neveux, cousins et cousines qui se manifesteront évidemment chacun de sa façon. Et vous redire à quel point vous comptez beaucoup pour nous tous malgré la distance qui nous sépare.

Au moment de la mort de Java, j’ai eu « la vision » de votre belle chienne noire remontant à toute allure une vaste et verte prairie inondée de soleil.
Presque au somment de la colline, Béatrice l’attendait patiemment, vêtue d’une légère robe d’été que le vent faisait onduler.
Et puis quelques jours après, Donald meurt à son tour.
J’ai pensé que Java avait délibérément choisi de partir avant Donald pour manifester sa joie lors des retrouvailles entre Bibou et son père.
Quelle belle vision, Hugues…Elle remplit mon coeur de joie!
Merci